Elargir le partage des résultats au secteur public

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Michel Bon Président de Fondact

(Intervention de Michel Bon à la présentation du rapport de Fondact « L’intéressement collectif dans la fonction publique : atouts et mise en œuvre », au Sénat le 15 janvier 2013)

Fondact réunit des entreprises qui croient aux vertus du partage des résultats pour faire réussir ensemble les salariés et les entreprises. Et nous y croyons si fort que nous pensons même que cela devrait s’étendre au monde public.

C’est pour cela que nous avons réuni ce groupe de travail. Nous avons demandé à Michel Diefenbacher, ancien député du Lot-et-Garone, de le présider. Il vous présente aujourd’hui ses travaux. Les contributions qui ont été apportées et la discussion qui a suivi sont très caractéristiques du contexte dans lequel agit Fondact : tout cela a l’air bien intéressant et utile, mais cela paraît bien compliqué ! Et le découragement entrave l’action.

Renoncer avant d’avoir commencé serait pourtant contraire au bon sens. Que nous dit celui-ci ?

  • que les déficits publics ne sont plus finançables et qu’il faut les baisser avant de les supprimer ;
  • que l’augmentation des recettes, c’est à dire des impôts, est une piste qui est fermée dans le pays qui a le plus fort taux de prélèvements obligatoires de toute l’Union Européenne ;
  • que le choix se résume donc à réduire l’offre de service public ou à les rendre plus productifs, ce qui ressemble un peu au choix entre la peste et le choléra. On peut se demander d’ailleurs pourquoi ceux-là même qui aiment la croissance n’aiment pas le mot de productivité, alors qu’elle en est la principale composante.

Bref, ce que le bon sens suggère, c’est que les années qui viennent vont mettre un fort accent sur la productivité des services publics.

C’est cette évidence qui guide les travaux de ce groupe. Et ces travaux nous disent : l’intéressement est un outil efficace pour y parvenir. Pourquoi ?

  • parce que c’est un outil concret. Il est proche de la vie quotidienne des agents. Loin des grandes idées fumeuses, il est compréhensible et s’inscrit dans l’action quotidienne. Il redonne à chacun une prise sur son travail et s’accomplit dans une action collective. Tout cela n’est pas rien au cœur d’une crise qui démobilise en accréditant l’idée que l’on ne peut plus rien faire.
  • parce que c’est un outil économique. Il apporte une réponse concrète à l’extrême difficulté d’accroître les rémunérations que crée la crise, en offrant un complément qui se finance lui même par les économies réalisées, et seulement si elles le sont.
  • parce que c’est un outil social. Il est très difficile, lorsque l’on n’a qu’un petit salaire, de constituer une épargne. Mois après mois, les dépenses courantes engloutissent tout. L’intéressement, qui arrive d’un coup, dont le montant  est imprévisible par définition, n’est pas budgété par les salariés et ils peuvent plus facilement l’épargner. En ces temps difficiles, où même les Etats ne paraissent plus à l’abri des faillites, avoir un peu d’épargne est, pour les plus faibles, et il y en a plus que l’on ne croit chez les agents publics, un élément de confiance en l’avenir et de stabilité, qui est très positif socialement.
  • Parce que enfin, et peut-être surtout, c’est un outil humain. Il grandit les hommes, en leur proposant des objectifs à leur portée, qui donnent un sens à leur travail, et qu’ils atteindront ensemble, avec leurs collègues.

Bien sur, cet outil fonctionne dans les entreprises, et ce dont il s’agit aujourd’hui est le monde public. Et c’est vrai, ces deux mondes sont différents. Et je crois pouvoir en parler pour avoir franchi dans les deux sens le mur qui les sépare au cours de ma vie professionnelle. Mais doit-on s’interdire de regarder de l’autre coté du mur ? Ce que montre l’utilisation de l’intéressement dans le monde des entreprises, c’est ceci :

  • les entreprises qui sont les plus avancées dans ce domaine du partage des bénéfices ont de meilleurs résultats que les autres et ont aussi une croissance plus forte. Cela nous pouvons le montrer et le démontrer.
  • dans ces mêmes entreprises, l’absentéisme est plus faible et les autres indicateurs de satisfaction au travail sont meilleurs. Cela aussi, nous pouvons le montrer et le démontrer.
  • Les salariés de ces entreprises, enfin, se constituent par ce biais une épargne plus importante, au moins pour les employés et les ouvriers. Et grâce à cela, ils accèdent plus facilement à la propriété.

Je ne vois aucune raison tenant à la différence de nature entre le monde de l’entreprise et le monde public, qui empêcherait ce dernier de bénéficier des mêmes avantages.

Ces dernières semaines nous ont montré que les circonstances se prêtaient peut-être mieux à la mise en œuvre de cet outil. Il y a moins d’un mois, visitant une entreprise, le Président de la République a dit l’intérêt qu’il portait aux mécanismes de participation et d’intéressement dans les circonstances actuelles. La semaine dernière l’accord patronat-syndicat sur la sécurisation de l’emploi a montré que des choses vraiment neuves pouvaient être lancées par un dialogue social responsable.

Alors, avançons résolument dans cette voie de l’intéressement dans les fonctions publiques. Ce sera l’honneur de la fonction publique hospitalière d’en ouvrir la voie et, par son exemple, d’y entrainer les autres fonctions publiques.

Michel Bon